Lectures diverses

La part du colibri, Pierre Rabhi

C’est ainsi que j’ouvrais les  yeux sur un monde en feu dans lequel il m’apparut que je devais faire ma part de colibri 

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Informations générales

  • Année de parution : 2014
  • Editeur : Editions de l’Aube
  • Genre : Essai
  • Nombre de pages : 144

Une nouvelle vision de l’écologie 

Depuis quelques années, il y a une véritable prise de conscience en matière d’écologie et de respect de l’environnement. La crise liée au Covid 19 que nous traversons renforce cet intérêt. Peut-on réellement continuer à vivre ainsi ? Quel est l’avenir de notre planète si nous continuons à ce rythme ? 

Pour répondre à ces questions, je vous propose un petit livre qui changera votre vision du monde. Cela peut sembler ambitieux pour un si petit livre mais je vous assure que sa lecture est vraiment capitale. 

Les illustrations de Pierre Lemaitre complètent bien cet ouvrage qui allie la prise de conscience à la poésie. 

La nécessité de changer de mode de vie

Pierre Rabhi part d’un constat assez simple. En dépit de toutes nos prouesses technologiques, on ne parvient pas à subvenir aux besoins de tous. Comment est-ce possible que des êtres humains meurent de faim alors qu’il y a toujours plus de gaspillage alimentaire ? Comment se fait-il que les femmes soient encore oppressées ? Que le monde animal soit dévasté à notre profit ? La raison principale est que nous exploitons notre planète jusqu’à la détruire plutôt que d’unir nos forces pour construire un monde meilleur. 

Cela semble des constats évidents et avant de lire cet ouvrage je me disais que si personne ne faisait rien c’était surement parce que changer les choses devait être bien trop compliqué. Après tout, cela semble compliquer de changer notre manière de consommer et si nous fonctionnons ainsi c’est surement pour une raison très logique. 

Pourtant, en lisant ce livre, j’ai réellement pris conscience de la totale absurdité de notre système. Par exemple, l’auteur nous explique qu’il faut donner 10 kilos de céréales à un boeuf pour obtenir un kilo de viande et que la moitié du territoire agricole français est mobilisé pour nourrir les animaux … De même, il faut 400 litres d’eau pour produire un kilo de maïs grain. Quelle est la logique dans ce mode d’exploitation ? 

« Nous passons notre temps à oublier, oublier que nous vivons sur une planète limitée à laquelle nous appliquons un principe illimité, ce qui accélère le processus d’épuisement des ressources et d’accroissement des inégalités structurelles, source de mécontentements, de frustrations et de conflits ». 

page 30

Le cataclysme de l’agriculture industrielle est dénoncé. La pollution des sols, la pollution des eaux, le démantèlement des écosystèmes ou encore la perte de la biodiversité animale et végétale sont quelques uns de ses effets dévastateurs. 

L’auteur met aussi les Etats face à leurs contradictions. Si de grands sommets mondiaux sont organisés comme les sommets de Rio, Stockholm ou encore Kyoto, ils ne sont qu’hypocrisie. Ils se contentent de poser quelques recommandations bien souvent non contraignantes pour les Etats. A l’époque où Pierre Rabhi écrit ce livre, la France ne consacrait que 0,28% de son budget national à l’environnement. Ce budget est aujourd’hui en hausse mais les mesures adoptées sont encore très timides. 

Au-delà de ces constats et de la critique des institutions, Pierre Rabhi interroge sur notre place au sein de ce système. Sommes nous réellement fait pour vivre de cette manière ? 

« Par ailleurs, l’idéologie prétendait qu’avec la science et la technique, les êtres humains allaient être libérés. Or l’observation des faits nous montre que l’itinéraire de vie d’un être humain dans la modernité est fait d’enfermements successifs : de la maternelle à l’université, il est enfermé – les jeunes appellent ça le « bahut » ; les femmes et les hommes en activité disent travailler dans des « boîtes », petites ou grandes ; les jeunes s’amusent en « boîte » et y vont dans leurs « caisses ». Ensuite vous avez la boîte où l’on stocke les vieux avant la dernière boîte que je vous laisse deviner. »

page 46

Vers un monde plus juste 

Pour l’auteur, il faut agir et ne pas rester passif. Il en va de notre responsabilité. Il nous invite à nous saisir de notre destin pour le mettre en conformité avec nos convictions et nos aspirations. 

« Car si l’être humain ne change pas quotidiennement pour atteindre générosité, compassion, éthique et équité, la société ne pourra changer durablement. On peut manger bio, recycler ses déchets et ses eaux usées, se chauffer à l’énergie solaire et exploiter son prochain. Cela n’est pas incompatible. Comme pour toutes nos innovations, la question est de savoir quelle conscience les détermine. » 

page 78

Il nous invite à un retour aux sources afin d’apprendre à nouveau la patience et la saveur des cycles. 

« Retrouver un peu du sentiment de ces êtres premiers pour qui la création, les créatures et la terre étaient avant tout sacrée … » 

page 5

Il s’agit de renouer avec notre véritable vocation qui est basée sur le respect de la vie. Pour illustrer son message, l’auteur nous explique son parcours et son mode de vie dans les Cévennes au sein d’une ferme écologique. 

« Il nous faudra bien répondre à notre véritable vocation qui n’est pas de produire et consommer jusqu’à la fin de nos vies mais d’aimer, d’admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes. » 

page 120

Dans un monde absurde où l’argent et le profit ont plus de valeur que la vie humaine et la préservation de notre planète, Pierre Rabhi nous incite donc à faire notre « part du colibri ». 

Cette exhortation est issue d’une légende amérindienne. Selon cette dernière, alors qu’un immense incendie ravageait une forêt, un petit colibri s’activait en allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu, alors que les autres animaux observaient terrifiés et atterrés. Agacé, un tatou lui dit « Colibri ! Tu n’es pas fou ? Tu crois que c’est avec des gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? », « Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part ». 

On peut parfois se sentir désespéré et penser que ce que l’on fait ne change rien mais si nous faisons tous notre part alors les choses peuvent changer.

« Sachez que la Création ne nous appartient pas, mais que nous sommes ses enfants. » 

page 123 

« Soyez très éveillés lorsque le soleil illumine vos sentiers et lorsque la nuit vous rassemble, ayez confiance en elle, car si vous n’avez ni haine ni ennemi, elle vous conduira sans dommage, sur ses pirogues de silence, jusqu’aux rives de l’aurore. » 

page 126 

L’auteur

Pierre Rabhi, paysan et penseur français né le 29 mai 1938 en Algérie, défend un mode de société plus respectueux des hommes et de la Terre. 

Il fonda le mouvement des Colibris et est devenu une figure du mouvement politique et scientifique de l’agroécologie en France. 

Depuis 1981, il partage ses connaissances à travers l’Europe et l’Afrique afin de redonner leur autonomie alimentaire aux populations. Il a notamment participé à l’élaboration de la Convention des Nations Unies pour la lutte contre la désertification.

Bien que son combat pour l’écologie soit admirable, il fait toutefois l’objet de nombreuses critiques concernant certaines de ses prises de positions sociétales.